Une arrivée impatiente

Après un voyage qui lui semblait plus qu’interminable, Nein, épuisé, affamé et crasseux, arriva enfin devant le portail du lieu indiqué par la dernière lettre de son défunt père.

De posant à ses pieds ce qui lui sevrait de maigre bagage, un bien léger sac à dos, il commença à scruter ce qui allait devenir, à priori, sa nouvelle résidence.
Devant lui se dressait un immense portail métallique, qui semblait avoir déjà une longue histoire derrière lui mais à qui on avait essayé, au fur et à mesure des années, d’en effacer les séquelles par diverses réparations afin de lui redonner une nouvelle vie. La rouille qui rongeait les recoins de l’installation en racontait déjà beaucoup sur son vécu.

En détournant la tête, Nein put apercevoir l’épaisse végétation qui entourait les lieux. De grands arbres se dressaient tout autour de lui, donnant naissance à une lugubre forêt. Mais le plus impressionnant fut l’épaisse verdure qui se développait au sol, si épaisse qu’elle atteignait jusqu’aux grilles de ce colossal portique, s’enroulant autour de ces pauvres barreaux déjà bien attaqués par la corrosion, provoquée par l’âge.

*Sifflement*

- Et bien, si je m’attendais à ça… Je dois dire que je suis un peu déçu du spectacle…

Sur ces paroles, Nein s’avança et tendit le bras, non sans une certaine excitation, afin d’atteindre la sonnette de sa prochaine habitation.

- Je me demande quel genre d’individu peut bien vivre là-dedans ?, affichant un sourire des plus insolant, il ajouta :

- Et surtout… Quel genre d’individu peut bien avoir construit ça…

Il appuya enfin sur la sonnaille.

« Une nouvelle vie t’attends mon vieux, on verra bien ce que ça va donner, tout ce que j’espère, c’est que si j’aurais de quoi me mettre sous la dent », pensa-t-il en attendant qu’on vienne le réceptionner.

Spoiler:

Il était une fois dans un monde merveilleux deux ivrognes qui un jour consommaient leurs hectolitres quotidiens d'alcool en essayant par la même occasion d'agrandir le trou de la couche d'ozone avec leur clopes. Et ils y arrivaient bien jusqu'à ce qu'un coup de fil n'interrompe leurs dépravation quotidienne...

Deux silhouettes approchaient, lentement, sûrement, l'une tenant une caisse à la main, l'autre ayant à l'épaule ce qui pourrait se rapprocher d'un bâton. La brume matinale fait que vous ne voyez pas très bien en fait... Ce n'est pas faute d'essayer, mais que voulez vous, quand on foire ses tests de perception... Mais les deux silhouettes semblaient très bien se connaître tant ils parlaient et bavardaient en riant. Encore quelques pas et vous commencez déjà à deviner les morphologies. Un grand baraqué blond, un autre grand moins baraqué brun... Et puis un doute vous prend subitement en voyant plus en détail ceux qu'ils tiennent... ne serais ce pas....

- POULE!! *on sait que ca ne s'écrit pas comme ca, c'est pour la forme mes amis*
CRI-CRIC PROUF!! ................................ BRAOOOOOOOM

Une explosion juste à côté de votre tête, réduisant par ailleurs à néant le portail en face de vous confirme votre première impression. Il y a bien un duo de tarés en train de jouer au tir avec un fusil à pompes et une caisse de grenades. D'ailleurs le tireur est en train de faire tomber sa cendre dans la dite caisse en observant le cratère de l'explosion d'un air satisfait.

- Putain tu déconnes Keith ! T'as explosé le portail !
- Eh c'est bon il était au milieu!
- Mais évidemment qu'il y était, c'est là la raison d'être des portails ! Portaux? ... Hm... portail ou portaux...
- Tu sais, moi, les portaux, je les préfère avec des glaçons
- Mais non, avec des melons : un arabe au portail, des melons au porto !

Assez consterné et ne sachant si vous deviez fuir ou simplement pleurer, vous observer ce duo de choc s'esclaffer et même rire ouvertement de tels jeux de mots douteux. Ils continuent encore un petit moment d'ailleurs avant de (mal)heureusement se souvenir de votre triste existence, vous qui vous étiez réfugié dans un arbre.

- Attend, y avait pas un nouveau quelque part?
- T'as raison... il est où le boulet maintenant...
- L'est pas dans l'arbre? Mais qu'est ce qu'il fout là ce con?
- .... Attend, je le déloge !

Avec horreur vous vîmes un canon de fusil à pompe se braquer vers votre innocente face.

- ... POULE!!!

Spoiler:

Nein, fort impatient de pouvoir enfin déposer ses affaire et prendre une bonne douche, commençait à se languir qu’on le conduise dans sa nouvelle demeure. Après un certain moment d’attente dans le froid, si particulier à cette région du pays, il commença à percevoir quelques mouvements d’herbes qui se rapprochaient de son lieu de stationnement.

« Ils ont certainement entendus mon appel… », pensa-t-il.

- C’est pas plus mal, tiens, j’vais peut-être enfin pouvoir…

Il hésita un moment, ne trouvant pas la formule exacte, dans ce dialecte nouvellement acquit et dont il ne maîtrisait pas encore parfaitement.

- Comment, on dit déjà ? « Essen » ?

Entendant ces fameux bruissements devenir de plus en plus distincts, le jeune homme tenta de distinguer la ou les personnes qui lui serviraient de comité d’accueil.
La tâche fut des plus ardue, car dans l’épaisse brume matinale, il était impossible pour lui d’arriver à bien discerner les quelques formes qui se présentaient.
Néanmoins, il réussit à entrevoir une silhouette, non pas une, mais deux. Oui, Il s’agissait bien de deux silhouettes qui se rapprochaient lentement de lui. En les étudiant quelque peu, il réussit même à distingue que la première des silhouettes semblait tenir une caisse à la main et l’autre, possédait ce qui ressemblait à un bâton. Mais ce n’est pas tout, en tendant un peu l’oreille, il perçut même des rires provenant de ces deux même silhouettes, apportant au passage la preuve que ces deux personnes semblaient être familières, du moins l’une envers l’autre. Tout en continuant leurs bavardages, les deux formes commençaient à se faire plus distinctes, permettant à Nein de mieux identifier ses réceptionnistes. Il put donc découvrir que l’un d’entre eux était grand, assez musclé, et blond, de surcroît, tandis que l’autre plus petit que lui, vraiment plus petit mais pas moins musclé mais brun. Lorsqu’il poussa son analyse un peu plus loin, le jeune homme blond sentit un frisson le parcourir. Un doute quant à sa présence sur ces lieux se fit soudainement sentir lorsqu’il prit conscience de ce que les deux personnes précédemment décrites tenaient entre leurs mains.
Mais avant qu’il n’eut le temps de réagir à cette découverte, il vit, et même plus, sentit, une explosion se dérouler juste à côté de sa tête. Avant cette explosion, il put discerner un cri :

- POULE!!

Ce cri fut suivit d’un étrange vacarme, un vacarme qui ressemblai à cela : *CRIC-CRIC PROUF !!*, suivit d’un doux : *BRAOOOOOOOM*

Le cœur du jeune homme faillit s’arrêter de battre sur le champ. Mais reprenant petit à petit son calme, Nein retourna son regard vers ce qui fut le lieu de l’emplacement du grand portail. En effet, suite à cette magnifique explosion, il put constater, non sans une certaine frayeur, qu’en face de lui, en lieu et place du, maintenant, coutumier portique, gisait un grand vide. Une grosse crevasse avait été formée par l’explosion qui l’avait effleuré quelques instants auparavant, et dont le traumatisme dont il souffrait juste avant ne s’était pas encore totalement estompé.
En reprenant encore un peu plus le contrôle de sa peur, il discerna les fameux objets dont il avait eu tant de mal à percevoir dans la brume, maintenant dispersée par l’effet de l’explosion, la fameuse caisse n’avait rien d’ordinaire puisqu’il s’agissait en réalité d’un coffre remplie de grenades, alors que le bâton était lui, et il voulut se pincer, tant il fut effrayé de cette découverte, un fusil à pompe… Face à cette révélation, il ne put s’empêcher de lâcher ces regrettées paroles :

- Les mecs ! Vous êtes totalement krank ou quoi !!!

N’attendant pas vraiment de réactions de ces deux personnes au mental quelque peu dérangé, il fut gratifié d’une superbe action de la part de l’un d’eux. En effet, le propriétaire de l’arme à feu, se contenta de déverser les cendres de son mégot dans cette fameuse caisse au contenu plus que douteux, armé, c’est le cas de le dire, d’un sourire satisfait.

« Mais putain j’suis tombé où moi encore ! C’est des barjes ces mecs ! Ils veulent ma peau ou quoi !! », fut sa réflexion avant qu’il n’entendit les deux hommes ouvrir la bouche et prononcer :

- Putain tu déconnes Keith ! T’as explosé le portail !
- Eh c’est bon il était au milieu !
- Mais évidemment qu’il y était, c’est la raison d’être des portails ! Portaux? … Hm… portail ou portaux…
- Tu sais, moi, les portaux, je les préfère avec des glaçons
- Mais non, avec des melons : un arabe au portail, des melons au porto !

Pétrifié à la fois par la panique qui l’avait gagné et le spectacle qui se présentait face à lui, Nein ne savait pas quelle attitude adopter vis-à-vis de cette étonnante situation, il se contentait de regarder ces deux hommes s’esclaffer bruyamment de leurs jeux de mots un peu trop douteux à son goût…
Bénéficiant d’un moment d’inattention de leur part, le jeune regagna momentanément ses esprits, récupéra son sac, prit un bon bol d’air et cria :

- CASSOOOOOOOOOOOOS !!!!!!!

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Nein courut à toute vitesse et, dicté par son instinct de survie, alla se réfugier là où il se sentait le plus à l’aise, accroché à une branche.
Essoufflé, plus par la peur que par l’effort, le jeune lycan sortit ces quelques mots :

- Mince… c’est… c’est pas vrai… c’est un cauchemar…

Attendant que son souffle reprenne un rythme normal, il enchaîna par :

- Mais au moins, ici, je suis en sécurité…

Malheureusement pour lui, son répit fut de très courte durée, puisqu’après s’être exprimés très bruyamment sur leur précédent exploit, les deux hommes semblèrent se souvenir de sa présence sur ces lieux, et surtout de leur devoir de l’accueillir, semblant être la principale cause de leur humeur irritée.
Comment le savait-il ? C’est en fait assez simple, il lui suffit d’entendre ses « chasseurs », car en ce moment-même cela semblait être le qualificatif le plus adéquate, reprendre le fil de leur discussion :

- Attend, y avait pas un nouveau quelque part ?
- T’as raison… il est où le boulet maintenant…

« Non, y’a personne ! Fichez-moi la paix ! », pensa-t-il.

Cependant, sa planque ne dura que quelques instants puisqu’il entendit :

- L’est pas dans l’arbre ? Mais qu’est-ce qu’il fout là ce con ?
- …. Attend, je le déloge !

Sa panique, disparue quelques instants auparavant, légèrement élevée les minutes précédentes, avait dès à présent atteint son paroxysme surtout lorsqu’il vit le canon de ce terrifiant fusils à pompe pointant juste en face de son nez et entendit :

- … POULE !!!

Nein, suant de terreur, leva les deux mains en l’air et d’une voix, plus tremblante qu’il ne l’imaginait, dit :

- Sa-sa-sa-salut, les g-g-g-gars ! Qu-qu-que m-m-m-me voulez v-v-v-vous ?

Au même moment, il priait intérieurement toutes les divinités qu’il connaissait afin qu’un miracle se produise et qu’il sorte vivant de cette première rencontre avec ce qui semblait être le personnel de l’Institut.
Dans un dernier espoir de sauver sa vie, le loup-garou espéra qu’en faisant peut-être les présentations, il donnerait un petit coup de pouce au miracle désiré.
C’est donc agité par l’effroi qu’il prononça cette pensée :

- Je… Je m’appelle Nein Devet. J’ai.. heu.. 19 ans, et je suis, ce que vous appelez je crois, un « neu », ou « nouveau » dans votre langue.

« Mec… putain, reste calme, si tu dis rien de travers, ils vont sans doute te laisser la vie sauve et tout ira pour le mieux ! », pensa-t-il.

Keith fixait le nouveau avec une certaine indécision. Il le tenait en joue avec son fusil à pompe, Dimitri avait dit POULE, et l'envie de lui loger une balle entre les deux yeux était terriblement tentante. Mais il n'avait techniquement pas le droit de buter à vue toutes les nouvelles a^mes qui se pointaient à l'institut. Dieu que le choix était difficile. En plus, l'autre blond ne faisait rien pour arranger son cas. Perché sur sa branche, les bras levés et la voix chevrotante, comme si un thaïlandais était en train de lui faire un massage spécial sur le dos en ce moment même, et toute la panique du monde dans son regard, il faisait la cible parfaite.
Keith calcula rapidement la vitesse du vent, fixa son point d'impact avec précision et...

" BAOOOUM"

Oui, il tira. Mais que le petit blondinet d'allemand se rassure, son visage ne fut pas touché et il pourra montrer au monde sa connerie pendant encore longtemps. Keith eu la magnifique idée de tirer juste en dessous. Noon il ne sera pas castré, il a tiré sur la branche. Juste à la base, pour la briser. Il ne broncha pas, le blond à côté de lui non plus d'ailleurs, et se contenta de regarder le nouveau dégringoler le tronc jusqu'à ce qu'il atterrisse à ses pieds. Il tira sur sa divine cigarette et expira lentement sa fumée, posant le canon de son arme sur son épaule. Il le fixait froidement, avec toute l'indifférence du monde dans son regard, ses yeux prudemment planqués sous ses lunettes de soleil noires. Faut pas déconner, on est en plain après midi et déjà qu'il a les yeux clairs, le soleil lui brûle les rétines.

- Et ben voilà, il est descendu

Il glissa sa cigarette qui n'était plus qu'un mégot entre ses doigts et l'écrasa sur une des grenades dans la caisse tenue par Dimitri. Allez, avec un peu de chance elle était résistante et ne vas pas leur exploser à la figure. Enfin, la figure des deux autres, pour sa part, Keith étant un vampire, il survivrait. Il pendrais cher parce que c'est le jour mais il survivrait. Il tâta ses poches à la recherche de son paquet de clopes. Introuvable.

- Fuck...

Il grommela d'autres insultes en anglais et rajusta ses lunettes de soleil. Il regarda Dimitri et commença à lui tâter cuisses et fesses. Non, il ne le pelote pas, et même si on pourrait y croire vu comment il y va, et que ce serait plus que crédible -mais ça c'est pour plus tard. Il cherche juste le paquet de cigarettes de Dimtri. Et d'ailleurs il l'a trouvé. Alors il se prend une clope et en tend une nouvelle au blond, vu que la sienne commençait à fatiguer. Une fois sa sucette à cancer allumée il se baissa devant le petit nouveau et retira ses lunettes de soleil, laissant voir ses yeux bleus glace et perçants.

- Well, Ecoute mon gars, on est là pour t’accueillir, ça nous fait chier, alors tu nous suis ok ?

Il était à quelques centimètres de son visage, et pour la peine, il lui souffla sa fumée au visage.

Toujours pétrifié par la peur, et surtout en voyant que l’un de ses « tortionnaires », car oui il ne pouvait que les qualifier de cette manière, semblait hésitait quant à ses futures actions, Nein ne put s’empêcher de penser que sa « technique » de défense avait peut-être fonctionnée, et qu’il avait sans doute réussi à adoucir l’homme aux cheveux bruns.

« Bin alors ? Y dit rien ? Nein t’es trop génial ! J’l’ai peut-être déstabilisé, qui sait ?! »

Toujours dans sa positon misérable de pauvre petit être soumis et effrayé, le jeune allemand fixa toujours les deux hommes qui l’attendait en bas dans l’attente d’une certaine réaction de leur part, et surtout, dans la peur d’attenter un quelconque mouvement de lui-même, ne sachant pas si cela allait une fois pour toute sceller son destin.

« Bon… Tu crois que t’as une chance de t’en sortir mec ?... J’en sais rien moi ! La réflexion c’est pas mon fort ! Le cerveau, trouves une solution et je te fout la paix le reste de mon existence et je – »

Mais le fil de sa pensée fut très vite interrompu lorsque dans un gros bruit de détonation, il sentit sa branche craquer et céder sous le coup de l’impact.

- WOOOOOOAAAAAA !!!! POURQUOI MOIIIIIII !!! C’EST PAS VRAI IL A VRAIMENT TIRÉÉÉÉÉ !!!!!!, dit-il alors qu’il chutait à une vitesse vertigineuse.

*BOUM*

Ce fut le bruit qu’il produisit lorsque son corps atteint douloureusement le sol. Heureusement pour lui la douleur aurait pu être bien pire s’il n’avait pas eu la chance de tomber sur un tas de feuilles mortes qui adoucirent légèrement sa chute.
Ayant atterrit au milieu de ce tas de feuilles, Nein se releva rapidement, se débarrassant au passage de toute la poussière et du feuillage qui s’étaient ajoutés à ses vêtements et sa coiffure.
Une fois dépoussiéré, il regarda les deux hommes, et sans réfléchir, parce que non, ce n’est vraiment pas son fort, il leur cria :

- Les mecs !!! Ça va vraiment pas chez vous !! J’aurai pu y laisser ma peau quoi !

Il regarda ces deux hommes en attendant, d’un air assez niais, une réponse. La réponse il l’eut, oui, mais elle fut sans aucune parole. Pour seule réponse, le jeune homme blond eut droit à un mouvement de l’impressionnant homme brun. Il le vit tirer sur sa cigarette et en rejeter la fumée tout en positionnant son fusil sur l’épaule, sans quitter des yeux le nouvel élève. Ce regard… Nein s’en souviendra encore longtemps, un regard à la fois froid, même « noir », soutenu par les lunettes de soleil de l’homme brun, à la limite de l’effrayant, et totalement indifférent, comme s’il n’avait devant lui qu’un vulgaire insecte…

- Et ben voilà, il est descendu

Sa réponse la voilà, elle confirmait une fois encore l’indifférence complète qu’éprouvaient ceux qu’il jugeait être sans doute des « gardiens » à son égard. Le jeune lycan béat face à la réaction qui suivit. Il vit l’homme aux cheveux bruns écraser son mégot dans la caisse, qui, rappelons-le, était remplie de grenades.

« … Pitié… faites que ça pète pas… »

Ses pensées étaient entièrement dévouées à sa survie, qui semblait assez corrompue ces derniers moments, mais fut vite de retour à la réalité lorsqu’il vit le brun commencer à bouger. Un frisson parcouru son corps lorsqu’il remarqua que l’homme semblait rechercher quelque chose dans ses poches.

- Fuck…

Il l’entendit jurer dans une autre langue, ce qui le rassura légèrement, il ne sera pas le seul étranger dans ce grand Institut. De nouvelles insultes et encore plus de frissons dans le corps de Nein.

« Qu-qu-qu’est-ce qu’il fout !! Il fout QUOI », pensa-t-il lorsqu’il vit le vampire tâter le corps de son conjoint blond, particulièrement lorsqu’il le vit plus concentré sur certaines parties de son corps.

Son calme revint assez tôt quand il remarque que le beau brun sortit un paquet de cigarettes des vêtements de son compatriote loup-garou.
Profitant d’avoir de nouveau l’esprit clair, il se racla la gorge et dit :

- Bon, je veux pas vous déranger mais j’aimerais bien pouvoir manger quelque chose, « bitte ? »

Il prononça ces mots alors que le fumeur aux cheveux bruns se rallumait ce qui semblait être son addiction. Il recommença à paniquer lorsque celui-ci se pencha à son hauteur et prononça :

- Well, Écoute mon gars, on est là pour t’accueillir, ça nous fait chier, alors tu nous suis ok ?

En prononçant ces mots, l’homme qui effrayait tant Nein se trouva à quelques centimètres à peine de son visage et lui souffla sa fumée.
Le jeune blond, gêné par cette odeur, se trouva dans l’obligation de tousser avant de pouvoir continuer de parler.

- Pouah… Ok, ok, j’vous suis… Mais la prochaine fois évitez d’essayer de me « töten », ok ! Ça serait vraiment sympa de votre part !
J’ai faim et j’ai besoin de me laver, vous pourriez pas directement me conduire dans ma chambre… ou à la cuisine si vous préférez…, dit-il en oubliant complètement qu’il faillit rejoindre le monde des morts quelques minutes plus tôt.

Dimitri l’avait regardé le mettre en joue. Certes, le fait qu’il le descende était une éventualité très forte, mais il ne comptait pas l’arrêter. Des gens, il en meurt souvent, et vu que les idiots sont souvent les premiers à partir… Ouais, si il mourait, ca ne serait que prendre de l’avance sur des évènements qui de toute manière risquaient fortement d’arriver. Pas de quoi verser des larmes. Et Eden râlerait peut être, mais il finit toujours pas renoncer. C’est pour ca qu’il est bien, Eden. Il ne prend pas la tête. Sauf quand il fait une grosse bêtise. Mais là dans ce genre de cas, c’est normal qu’il l’engueule alors même si ca l’emmerde il râle pas trop fort.
Ah ben non, il l’a pas tué. Le voyant dégringoler, il lâcha un ricanement sarcastique en tirant sur sa douce clope. C’est tellement bon de voir ces petits jeunes paniquer et partir dans tous les sens comme ces poules dans lesquelles on fout un grand coup de pied …

- Je dirai même que tu l’as descendu très cher.

Il n’arqua qu’un sourcil en voyant le mégot et la recherche de clopes. Pourquoi faire la pute effarouchée ? Les clopes, c’est important, quand il n’y en a pas il faut être prêt à tout pour en obtenir. Et là il les avait trouvées. Depuis le temps qu’ils fument et boivent ensemble, ils ne comptent plus les bouteilles ou les paquets. Ce qui est à l’un est à l’autre et on râle pas quand biens le moment de partager. C’est nettement plus simple, ca évite les prises de tête, et ca double le potentiel d’avoir des clopes ou de l’alcool quand on en a besoin. Le petit jeune par contre, ca avait plus l’air de le perturber. Tant pis pour lui. Si il savait où il mettait les pieds… Il avait intérêt à s’habituer aux gays et aux pervers parce que là il allait finir traumatisé. Ah la la, le sens de l’accueil de Keith le faisait toujours rêver. On aurait dit lui mais en pire.

- Tu sais, le bleu… Ta peau je suis pas sûr qu’elle valle quelque chose.

Mais c’est qu’en plus il en revendiquait des trucs ! En fait, il était con. Magnifiquement, totalement, radicalement con. Tout ce qu’il n’aimait pas en fait. Quel dommage, il risquait bel et bien de tomber dans un trou remplit de grenades si il venait trop lui baver sur les couilles, le petit blond. Mais ce n’était pas de sa faute… C’était un accident après tout. Un regrettable accident, mais un accident tout de même.

- On est là pour t’accueillir, pas pour te tenir la main. On te mène au secrétariat, pour le reste tu te démerdes.

Après tout, lorsqu’on fait visiter l’institut aux autres, c’est par ce qu’on est une bonne poire et qu’on a envie de faire du social. Lui il n’en avait strictement pas l’intention. Déjà accueillir les merdeux ce n’était pas son meilleur passe-temps, alors si en plus il fallait qu’il fasse la nounou… Chargeant avec nonchalance la caisse de grenades sur son épaule, il jeta un regard aux restes de portail, avant de jeter son mégot en direction du jeune.

- Eh, toi, tu ramasses le portal et tu le remets droit. Quelqu’un ira le ressouder ensuite.

Il en avait connu d’autres, ce portail. Le souffle de l’explosion l’avait fait voler un peu plus loin. Et si jamais l’autre abruti il lui sortait qu’il n’était pas capable de le soulever, il lui logeait une balle dans la jambe. Pour un humain, il ne dit pas. Un loup à l’approche de la pleine lune, il ne faut pas pousser mémé dans les orties, surtout quand mémé elle a des grenades, un fouet et deux flingues placés au niveau des reins.

Keith, toujours accroupi devant le petit blond paniqué, tirait paisiblement sur sa cigarette. Mais c'est que Eden leur avait déniché un vrai couillon. Déjà Akagi, la cage aux folles c'était pas une lumière, mais alors lui, on ira loin. Il ne lui donnait pas deux mois ici sans que le petit Nein ne parte en dépression. Il ricana quand sa fumée le fit tousser. Un peu de tabac et il se sent déjà faiblir ? Eh ben, il est fier le loup garou dites moi. Non pas que Keith lui même soit un vampire des plus exceptionnel, mais bon, un peu de goudron dans les poumons n'a jamais fait de mal à personne.

- Wait, avec un peu de chance, on pourrait en tirer une bonne carpette en poils de loups. Dino tu voulais pas redécorer ta caisse ?

Le vampire aimait bien effrayer les petits nouveaux en fait. Ca compense le dérangement pour aller accueillir toutes ces nouveaux cobba-couillon. Mais c'est la faute à Dimitri, il déteint trop sur lui. Il continua de fixer le jeune allemand avant de se redresser nonchalamment, replaçant la ceinture où était accrochés ses deux flingues et passant une main dans ses cheveux pour les tirer en arrière, dévoilant ainsi son visage en entier et la beauté juvénile qu'il était.

- Dino a raison, alors si tu veux pas te prendre une balle entre les deux yeux dans les 10 prochaines secondes, t'as intérêt de faire ce qu'on te dit.

Et non, le social, c'est certainement pas le domaine de Keith. Mais bon, en étant psychopathe de naissance, forcément, ça aide pas. Il replaça ses lunettes de soleil sur son nez et bailla longuement. C'était vraiment trop tôt pour lui. Ok, il était 17h30, et alors ? 17h30 c'est très tôt on vous dit. Il n'attendit pas que Dimitri redemande une cigarette pour la lui sortir du paquet et la lui donner directement. C'est le neurone commun on vous dit.
Alors il se mit en route, jetant un coup d'oeil en arrière pour voir si le petit nouveau était pas déjà partit en courant et fut satisfait de le voir ramasser le portail et le remettre en place, enfin, du mieux qu'il pouvait en tout cas.
Il en profita pour prendre Dimitri à part et croisa les bras sur son torse.

- Tu paries combien de semaines avant qu'il break down ?

Y'avait moyen de se divertir un peu sur son dos après tout. Non pas que Keith sois un fervent amateur de jeu d'argent, mais en bon américain, il apprécie le goût du risque des paris. Et puis ça faisait déjà un moment que Dino et lui pariaient, non pas de l'argent, mais des clopes et du whisky spécial sur le pauvre sort des élèves.
Au bout de quelques minutes, il se retourna vers le bleu et cria

Alors le puceau, tu t'en sors pour ranger deux bouts de métal ?

Keith était particulièrement en forme aujourd'hui.

- Tu sais le bleu… Ta peau je suis pas sûr qu’elle valle quelque chose.

En entendant ces paroles, Nein sentit un frisson parcourir tout son corps. Il pensait qu’en arrivant ici on l’aiderait, on l’accueillerait et lui permettrait de mieux vivre, non seulement dans sa condition de ce qu’il appelle ‘monstre’, mais aussi en tant qu’être humain, mieux comprendre ceux qui avaient choisis de chasser et tuer sa famille, et mieux canaliser sa haine envers eux. Mais il se trompait. Sa peur ne s’estompait pas plus car il avait juste devant lui, et accroupi l’autre homme, l’homme aux cheveux sombres. Et cette peur le fit trembler d’autant plus lorsqu’il prit conscience des paroles qu’il avait prononcées. Ces paroles ? Les voici :

- Wait, avec un peu de chance, on pourrait en tirer une bonne carpette en poils de loups. Dino tu voulais pas redécorer ta caisse ?

Jamais durant sa vie il n’avait ressenti pareils frissons. Il avait bien dit les mots ‘carpette’ et ‘redécorer’ ? La seule pensée qui lui venait à l’esprit était :

Moi et ma chance… je suis tombé sur les deux sadiques du coin…

Toujours muet à cause de la peur il se contentait de rester devant les deux hommes et essayer de juger le meilleur des instant avant de prononcer un mot. Et comme pour le sortir de ses pensées, il entendit l’homme blond prononcer d’autres paroles.

- On est là pour t’accueillir, pas pour te tenir la main. On te mène au secrétariat, pour le reste tu te démerdes.

Qui fut suivit par l’homme brun,

- Dino a raison, alors si tu veux pas te prendre une balle entre les deux yeux dans les 10 prochaines secondes, t’as intérêt de faire ce qu’on te dit.

Effectivement, il avait tort, si c’est ça l’accueil, il se demandait à quoi ressemblerait le reste de son séjour dans cet Institut. Il était au moins certain d’une chose, il n’avait pas intérêt à se mettre à dos les deux hommes qui étaient venus pour l’accueillir. Ils ne semblaient pas réellement heureux d’être là pour s’occuper d’un nouvel arrivant et d’une humeur plus ou moins meurtrière. Il arrivait même à sentir, ressentir plutôt, l’aura effrayante qui se dégageait de ses hôtes. Il voulut prononcer quelque chose, mais il fut devancé par l’homme aux cheveux clairs, dont il connaissait dorénavant le nom, Dino.

- Eh, toi, ramasses le portail et tu le remets droit. Quelqu’un ira le ressouder ensuite.

Remettre le portail droit ? Il plaisantait c’est ça ? C’était de l’humour sadique ou quelque chose du même calibre, mais il n’était pas sérieux ? Il resta bouche bée devant les deux hommes. Il ne pouvait pas être sérieux ? Comment est-ce qu’il pourrait porter à lui tout seul un portique de cette taille, sans parler du poids qu’il faisait. Il n’aurait jamais la force, aucun être sur Terre n’en avait la capacité en fait. Si, il pouvait, tout du moins, celui qui sommeillait en lui le pourrait, mais premièrement, il ne pouvait pas se transformer, et deuxièmement, pourquoi le ferait-il ? Devait-il leur obéir ? Il faut avouer que la peur qu’ils inspiraient le faisait pencher vers cette solution, mais de l’autre côté, il n’avait pas vraiment l’envie de servir d’esclave et de réparer ce qu’ils avaient détruit.

Tout en se questionnant il entendit l’homme brun prononcer des paroles, dirigées à son égard, à son compatriote, Dino :

- Tu paries combien de semaines avant qu’il break down ?

Ces mots avaient définitivement scellés son choix, qui n’était sans doute pas le meilleur et il risquait de le regretter plus tard, mais pour l’instant ce fut le choix le plus tentant et ce qui semblait être, pour lui, la meilleure des solutions, et celle qu’il choisissait dans toutes les situations de danger, la fuite. Il courut aussi vite que possible dans ce qu’il ressemblait à une forêt dans l’espoir de pouvoir les semer…

Dimitri ne savait pas trop ce que l’autre abruti attendait à les regarer bêtement et ouvrir et refermer la bouche sans un son tel un poisson fraîchement crevé mais c’était proprement ennuyeux. Certes, tous n’étaient pas passés par son super entraînement de la mort qui tue, mais il était tout de même en droit d’espérer un minimum d’efficacité de la part de ses inférieurs. Parce que lui, là, il crevait des plafonds dans le domaine de la bêtise crasse. Ca en devenait presque miraculeux.

- Hé, le bleu, tu te remues les puces ? On a pas que ca à foutre !

Peut être qu’il ne comprenait pas ce qu’on lui disait… il avait pourtant le souvenir de l’avoir entendu beugler quelque chose dans la langue quand on les avait canardés… Ou bien il avait heurté une branche et avait du coup perdu le peu de neurones qui lui restaient… l’option demeurait envisageable. Mais sérieusement, il ne sentait pas le lycan, mais il semblait tout de même apte à soulever un portail. Les loups garous ne sont peut-être pas excessivement évolués, mais ils restent tout de même forts, c’est même là la base de leur existence.

Toujours est il que au lieu de SIMPLEMENT faire son boulot, l’autre abruti… Venait de tourner les talons et prendre la tengeante. Un tic nerveux agita son sourcil alors qu’il tournait un regard… Dubitatif vers son vampire préféré. Visiblement il semblait penser la même chose…

- Ils l’ont fini à la pisse, hein ?

Quoi qu’il en soit, il le mit en joue avec son flingue et tira, presque sans viser, négligemment. Il vivait littéralement avec ces armes, et ce n’était pas un morveux qui ne savait pas viser qui allait lui échapper. Ainsi le toucha-t-il en pleine cheville. Avec un sourire satisfait, il rangea ses armes. C’était des belles normales, il était gentil. Elles devraient guérir rapidement. Ainsi, calmement il approcha de la larve.

|- Bon, maintenant tu te calmes ? Ce serait dommage de faire un trou dans ta gueule d’ange dès le premier jour.

Eventualité qui ne le laissait en fait ni chaud ni froid.

Keith plissa les yeux. Non pas à cause des douloureux rayons de soleil qui tentaient de percer la protection de ses lunettes, Non pas parce que Dimitri avait fait une blague foireuse -même si c'était la plus crédible des options- , mais bien à cause du triste spectacle qu'il avait en face de lui. Nein, cet abruti fini de blond venait de prendre la fuite juste sous leur yeux. Peut être, dans un éclair d'intelligence rare s'était-il dit que vu sa rapidité lupine, Keith et Dimitri, surpris puis éblouit par tant de vitesse et de savoir faire dans sa manœuvre de fuite ("Ooooooh, comme il couurs viiite. Regaarde il fuiiiit"), n'auraient rien pu faire dans l'immédiat et il aurait eu le temps de se planquer dans la forêt au nez des deux amis pris au dépourvu. Ou peut être bien qu'il était tout simplement con. Mais con. La bonne grosse connerie qui s'accroche, celle qui est inscrite dans ton code génétique et dont tu ne te débarrasseras jamais parce que tu vis avec et que c'est une partie intégrante de toi.

Or donc, Keith, notre vampire se tourna lui aussi vers son loup d'ami, et les deux se regardèrent quelques instants avec la même expression perplexe et dubitative.

- Je sais pas, mais en tout cas c'était puissant. De l'acide. Ca a du ronger le peu de cervelle qu'il avait.

Keith avait bien voulu lui tirer dessus lui aussi, et d'ailleurs il l'avait mis en joue, mais un élan de raison lui rappela qu'il avait un fusil à pompe dans les mains et qu'il risquait d'abîmer le loupiot un peu beaucoup si il lui collait une balle dans le dos. Loin de là l'idée du compassion grandissante, c'est juste que les inculpations pour meurtres, il en a déjà assez et ce n'est pas la peine de rajouter des années à son séjour à l'asile. Il laissa donc l'honneur de tir à son confrère qui se fit une joie de le remplacer. Un vrai coup de maître.

Ils se dirigèrent vers le pauvre petit corps blessé. Et ça vaaa il guérira en même pas une heure, qu'est-ce qu'elle nous fait un scandale la pédale là... Keith tira une dernière bouffée de sa cigarette et jeta le mégot à côté de Nein.

- Bof, tu sais, un procès de plus ou un de moins, ça décorera mon casier judiciaire.

De toute façon, son super papa flic fait disparaître les preuves. Il aime son papa d'amour.
Keith replaça placidement ses lunettes de soleil sur son nez et cala son fusil à pompe sur son épaule. Il était l'heure de rentrer et de déposer le colis devant le secrétariat. Il jeta un coup d'oeil à Dimitri qui avait les mains occupées à tenir le carton de grenades, et en plus c'était lui qui avait son briquet. Il choppa une nouvelle cigarette, se la colla entre les lèvres et l'alluma grâce à celle de Dimitri en collant les deux bouts ensemble. Et oui, on dirait un couple. Mais pas encore. Du moins pas dans cet espace temps. Plus tard évidement.

- Bon. Let's go. Débats toi et je te troue l'autre jambe.

C'est sur ces sages mots qu'il attrapa Nein par la cheville non blessée hein et commença à le traîner derrière lui, comme un sac, alors qu'il se dirigeait peinardement vers l'intérieur de l'académie, le Chef des Gardiens marchant tout aussi tranquillement à ses côtés.

Nein, pendant sa fuite ne cessait pas de questionner. Même s’il n’était pas du genre à se remettre en question, on ne savait même pas s’il connaissait le réel sens de se remettre en question… Le jeune garçon passait sa vie à agir sous le coup de l’impulsion, parfois celle-ci lui valait d’agir comme il fallait, mais d’autres fois, comme celle-là, cela l’amenait à faire des choses qu’il allait regretter, et cela très vite.
Comme il courait, son esprit ne cessait de ressasser la même question : Avait-il bien fait de fuir ? S’il c’était contenté de faire ce que les deux hommes, qu’il avait dès à présent nommé les « bourreaux », il aurait pu éviter ce qui allait suivre, et surtout éviter la douleur des évènements suivants, parce que la douleur, ce n’est pas vraiment ce qu’il apprécie le plus….
Mais plus il s’éloignait des deux hommes, plus il se rapprochait de la forêt, et moins cette question se présentait à son esprit.

*Dans la forêt, je pourrais mieux me cacher.*, pensa-t-il

Mais penser n’avait vraiment rien de bon pour le pauvre Nein, car tout en pensant, et parce qu’il était incapable de faire plusieurs choses dans le même temps, il avait ralenti sa course, et de ce fait, diminué ses chances de pouvoirs échapper à ses bourreaux.
Dans sa course, il attendit une détonation. Il ne comprit pas de suite, mais en posant, le pied à terre, une douleur effroyable se fit sentir, à un point tel qu’il trébucha et s’attrapa ladite cheville qui… attendez une minute… saignait ?! Oui, c’était bien du sang qu’il avait sur la main !

- Scheiße! Ça fait mal !!!

Furent les premières paroles qui s’échappèrent de sa bouche alors qu’il se tordait de douleur.

- Ils… Ils m’ont tiré dessus !! Ca va…

Mais il se ravisa avant de continuer, il préférait tout de même éviter de se prendre une deuxième balle dans le corps, et pas certain que cette fois-ci Dimitri ou Keith soient aussi conciliants avec lui et lui « offrent » la possibilité de se remettre de ses blessures. Oui, car il comprit, aussi vite que Nein pouvait, que la balle qui avait traversé sa cheville, et sa blessure n’étaient pas mortelles.
Alors qu’il se roulait de douleur il vit les deux hommes se rapprocher de lui, et l’envie de ramper pour continuer sa fuite lui traversa l’esprit, mais s’en alla aussi vite.

- Bon, maintenant tu te calmes ? Ce serait dommage de faire un trou dans ta gueule d’ange dès le premier jour., dit Dimitri.

- Bof, tu sais, un procès de plus ou un de moins, ça décorera mon casier judiciaire., ajouta Keith avant de dire :

- Bon. Let's go. Débats toi et je te troue l'autre jambe.

Sur ces mots, il vit que le jeune homme aux cheveux noirs lui prit la cheville et commença à le trainer. Dans sa bonté, Keith avait choisi sa cheville encore sauve et d’une certaine manière, et surtout intérieurement, le lycan l’en remerciait pour ça.
Alors qu’il se laissait traîner, de force, il ne voulait surtout pas commettre la même erreur deux fois de suite, il ne put s’empêcher de dire :

- Euuuuh… Dites les mecs… Je suis désolé, hein… je recommencerais plus, ehrenwort!

Mais les deux hommes restèrent simplement silencieux et continuaient de trainer le garçon, dans une direction qui lui restait totalement inconnue.

- Vous m’emmenez où hein ? Vous n’allez pas me tuer quand même ? J’ai dit que j’étais désolé, je le pense !

Mais ils étaient toujours silencieux et le jeune allemand n’avait pas d’autre choix que de se laisser « guider » par son comité d’accueil, en même temps, ils savaient ce qu’ils devaient faire, malgré leur façon si personnelle d’accueillir les nouveaux arrivants, à moins que cela n’était réservé qu’à Nein et à sa chance légendaire si l’on peut dire.
Alors qu’il se laissait trainer, il vit qu’ils entrèrent, enfin, dans l’institut mais que son chemin ne s’arrêtait pas là. Non, car les deux hommes continuèrent de l’entraîner plus loin jusqu’à arriver devant ce qui ressemblait à un… bureau, semblait-t-il.
Une fois devant, Nein resta assis par terre en attendant la suite…

L'abruti heureux étant maintenant neutralisé, Keith s'était chargé de se traîner son boulet. Boulet, idiot, croix, tous le même combat. Il ignorait résolument ses appels et diverses tentatives pour améliorer son état. Il l'avait mérité après tout, il n'avait plus qu'à assumer son triste état. Il s'était d'ailleurs allumé une clope et en avait allumé une à Keith, la sienne commençant à partir en fin de vie. C'est à ca qu'on reconnaît les vrais amis,ils ont toujours le souci de bien faire. Paisiblement, il avançait donc son petit bonhomme de chemin en admirant la végétation alentour. Pour le coup elle était nettement plus intéressante que l'abruti au sol.

- Au fait j'ai utilisé ta carte pour commander la nouvelle fournée de clopes. Tu me fera penser, je te dois trois mille yens.

A force de vivre ensemble et se droguer ensemble, ils en avaient fini par venir à faire une provision commune, et donc mettre les dépenses en commun, c'était tout de même plus pratique à gérer. Il lâcha un long baillement en exhala sa fumée délétère. Y a pas à dire, un peu de soleil et une bonne clope, il n'y a rien de mieux pour vivre. Il fit flotter sur son visage l'ombre d'un sourire avant de finalement entrer dans le bâtiment. Les agents de ménage allaient encore leur en vouloir, mais bon il fallait bien accepter les dommages collatéraux.

Puisqu'on en parlait, l'abruti derrière il allait en connaître un beau de collatéral. Il était face au secrétariat où il devait être mené à la base après un accueil cordial et chaleureux. D'ailleurs il jeta sa clope par terre et l'écrasa.

- On est au secrétariat, le reste c'est à toi de te démerder.

Il allait sans doute mourir noyé sous une pile de papiers ou simplement lapidé cal il osait saigner dans un lieu si sacré et fragile, et en fait il n'en avait rien à foutre. Il tira de sa poche sa flasque et bu une gorgée avec un soupir de bien être. Ayant terminé de reprendre du carburant il se tourna ensuite vers le vampire.

- On va faire un tour dans l'aile est, c'est Alice qui y était alors il reste peut être un ou deux survivants.

Et ce n'était pas une histoire d'aide envers son prochain, au contraire. Il pensait un peu plus à les tabasser pour les punir d'avoir osé contrevenir aux règles.