Une trouvaille desesperée [PV Nein]

Un dernier coup d’œil à sa cuisine et elle tourna le dos. Il était évident que lorsqu'elle y reviendrait, elle trouvera les empruntes des souris qui habitaient cette école un peu partout sur les placards. Car oui, elle sortait toujours à la même heure pour prendre un peu le soleil, elle n'était pas un vampire, elle avait besoin du soleil. Et ses sorties n'étaient pas passées inaperçues, car comme elle ne supportait aucune intrusion sur son territoire lorsqu'elle était dans les parage, piquer de la nourriture était devenu difficile. Mais, malgré tout, elle ne dérogeait pas à sa règle, qui était de sortir un peu de sa cuisine au moins une fois par jour.

Cette école, qui n'en était plus une avait encore besoin de ses services. Elle restait donc ici, elle était bien ici, elle y avait trouver sa place, malgré le pourcentage de filles dérisoires par rapport à celui des hommes. Encore une fois, c'est une preuve que les femmes sont moins dangereuses que les hommes. Mais il fallait tout de même les prendre au sérieux.
Rajustant sa queue de cheval qui se balançait dans son dos au rythme de ses pas, elle traversa le couloir d'un pas rapide mais léger. Elle répondait aux salutations qu'on lui lançait, elle n'était méchant qu'avec ceux qui volait sur son territoire, sinon c'était une vrai grande sœur, une vraie mère poule. Son instinct maternel était bien trop développer pour son propre bien, et la mort prématurée du seul enfant qu'elle est jamais eu ne lui a jamais permis de le jeter aux orties. Cinq cents ans plus tard, il y avait encore des tas de défaut chez elle, mais il n'était plus temps de les changer.

Elle mit un pied dehors, plissant sous les yeux sous la morsure du soleil. La plupart des apprentis dans sa cuisine étant des vampires, elle avait accepté de travaillé a la seule lumière artificielle, et ce n'était pas tout le bon pour elle. C'est pourquoi cette sortie ne pouvait que lui faire du bien. Rejetant ses cheveux en arrière, elle se mit a trottiner doucement, puis à courir, pour se faufiler entre les arbres de la forêt. Cette sensation de vitesse, ce besoin de faire semblant de chasser : libérer son instinct de louve lui faisait le plus grand bien. La forêt de l’institut était relativement grande, elle avait de quoi courir un bon moment sans jamais rencontrer le mur qui en délimitait le périmètre, c'est a se demander parfois si il y avait un mur qui mettait fin au domaine d'Eden, où si la moitié de l'île septentrionale du Japon était à lui.

Elle laissa son instinct reprendre le contrôle sur sa nature humaine. En tant que princesse louve d'un clan de sang pur dont elle était la dernière représentante vivante, elle avait quelque pouvoir sur sa nature lycane, et notamment celui de résister à l'appel de la lune, et de regarder les pauvre jeune se débattre avec leur bête. Elle avait accepter la sienne,dès son plus jeune âge, faisant d'elle une personne dont il fallait se méfier, car son contrôle était dangereux. En contre partie, elle pouvait se transformer quand elle le voulait, au prix d'une quantité minime d’énergie qu'elle rechargeait avec un bon repas.

C'est ce qu'elle fit. Libérant ses sens elle reprit sa forme de louve. Une louve au pelage de miel, aux yeux dorés, brillant d'une intelligence humaine. Elle ne rencontrait jamais personne durant ses promenades, elle pensait bien qu'il en irait de même aujourd'hui. Mais elle se trompait.

Son nez capta une odeur familière, puisque c'était celle d'un loup. Mais un loup tout neuf qu'elle n'avait encore jamais croiser dans un couloir. Elle déduisit donc que c'était une nouvelle recrue. Elle s'approcha doucement, captant une autre odeur, qui se mêlait étroitement à celle de ce loup. Mais elle ne parvenait, avec son nez lycan a mettre la patte sur ce que c'était. Il n'y avait que les yeux pour lui dire ce que c'était. Elle s'approcha donc de cette nouvelle recrue, qui s’avéra être un homme.

Le jeune homme homme blond était assis au pied d'un arbre, et poussait de long soupir désespérés. Ere'n le regard un instant, de ses yeux dorés, même si elle ne voyait plus que d'un seul, et s'approcha lentement avant de de poser son arrière train sur le sol, et regarder fixement le blond en face d'elle. C'était une manière de montrer qu'on était là, mais qu'on ne voulait de mal à personne.
Lorsque le jeune homme releva la tête et la regarda, elle soutint son regard. Elle était une dominante, elle ne se soumettrais pas à son regard, et de plus elle n'était pas non plus une louve errante sur le territoire du jeune homme.

Elle s'approcha un peu plus, pour le renifler, avant de reprendre, non sans quelques douleurs dues à la transformations, sa forme humaine. Accroupie devant lui, elle lui souriait. Aucun doute sur le fait qu'elle était bien une femme. Son sourire était tendre. Mais elle restait a une distance convenable de lui, avant de lui lancer :

-Et bien alors ? C'est quoi cette tête d'enterrement ? Tu es perdu ?

Sa voix n'était pas moqueuse le moins du monde, mais juste légère. Même s'il l'envoyait valser, elle ne perdrait sa bonne humeur, il lui en fallait bien plus pour lui gâcher une journée. Et puis, elle avait vingt-cinq ans, personne n'aurait pu dire qu'elle avait en fait beaucoup plus que ce qu'elle semblait avoir. Et si on ne la connaissais pas, on aurait pu croire qu'elle était tout, sauf la cuisinière démoniaque qui mordait tout ce qui entrait dans SA cuisine, sans son autorisation.

Nein avait décidé de se remettre des émotions causée par son arrivée des plus mouvementée à l’institut. Son arrivée assez récente n’avait pas été de tout repos et son comité d’accueil, pas des plus accueillants non plus…
C’était donc blessé et fatigué qu’il avait dû rester pendant ce qui lui semblait être une éternité dans le secrétariat afin qu’on lui explique les règles de vie à l’institut et autres formalités.
Cette tâche une fois remplie, il décida de se rendre dans un lieu qui lui semblait plus apaisant, dans un endroit où il pourrait se sentir plus abris et surtout où il pourrait se remettre paisiblement de la blessure infligée par les deux hommes croisés plus tôt.

Sorti du bureau, il passa par le hall de l’institut avant de se rendre vers son point de départ, le portail d’entrée de l’institut toujours dans le même état que lorsqu’il fut « emmené » jusqu’au secrétariat, à savoir totalement détruit par une explosion.
En lançant un regard sur cette scène qui, quelques minutes plus tôt, aurait pu être son tombeau, un frisson lui parcourut le corps. Il croisa les bras, comme pour se protéger de ce frisson et détourna le regard vers sa prochaine destination.
Cette destination, la forêt, un lieu qui lui paraissait calme et apaisant, comme si là-bas rien ne pourrait lui faire de mal. Cette sensation venait sans doute de ses instincts de loup, ou alors du fait qu’il vivait dans un village et que la forêt faisait partie intégrante du décor de son cadre de vie. Ceci dit, il n’accordait aucune importance sur le pourquoi de cette sensation, tout ce qu’il savait, tout ce dont il avait besoin de savoir, c’est que la forêt l’apaisait.

Il marchait lentement, il boitait même, car sa blessure ne s’était toujours pas refermée. Il avait mal à cette cheville, mais en tant que grand optimiste, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il avait eu de la chance que Dimitri, celui qui avait tiré, n’avait pas décidé d’utiliser des balles en argent, car sinon il ne serait même plus là à se poser la question du temps que mettrait cette fameuse blessure pour guérir.
Alors qu’il était perdu dans ses pensées, il arriva face à un arbre. Epuisé et surtout soulagé d’avoir enfin trouvé le lieu qui lui convenait, il décida de s’asseoir au pied de celui-ci et d’attendre que sa blessure se referme. En premier lieu, il avait souhaité monter sur une de ses branches, car c’est ce qu’il aimait faire depuis son enfance, mais trop mal en point au niveau de la cheville, il avait abandonné l’idée au profit de la facilité à rester au sol.

Attristé par sa situation, il lança un long soupir de désespoir. C’est alors qu’il entendit un bruit, un bruit venant d’entre les arbres non loin de lui. Malgré cela, Nein ne bougea pas et, encore une fois grâce à ses instincts, compris que ce qui allait sortir des buissons ne se présentait pas, pour le moment sans doute, comme quelque chose, ou quelqu’un de dangereux.
Effectivement, ce qu’il vit sortir avait une présence familière. C’était un loup. Néanmoins ce loup avait quelque chose de différent. Il était plus gros qu’un loup normal, son pelage était de couleur miel et ses yeux d’un doré profond. Ce loup, ou plutôt cette louve comme il put s’en rendre compte, était magnifique. La louve se dirigea vers lui lentement et fini par s’asseoir juste devant lui. La femelle lycan fixa le jeune homme qui la regarda aussi. Il vit que cette femme n’était pas qu’un vulgaire loup errant car celle-ci maintenait son regard sur lui. Nein ne baissa pas non plus la tête, par parce qu’il voulait prouver sa dominance, mais surtout parce que le garçon était comme hypnotisé par les yeux de la louve.
Celle-ci se rapprocha de Nein et commença à le renifler. Il ne fut pas plus surpris par ce comportement et se contenta de laisser agir la femelle.

C’est alors que celle-ci reprit sa forme humaine, et la magnifique louve qui s’était présentée face à lui, laissa sa place à une jeune femme non moins superbe. Une prestance immense et un grand charisme se dégageaient d’elle, mais il ne sentait toujours agressivité venant de cette femme.
Impressionné par le spectacle de cette beauté, Nein sursauta légèrement lorsque celle-ci ouvrit la bouche pour lui demander :

-Et bien alors ? C'est quoi cette tête d'enterrement ? Tu es perdu ?

Il pouvait ressentir que la femme se sentait réellement concernée par son état et ne percevait aucune ironie ou de moquerie dans sa question.
Il baissa les yeux vers sa cheville et lança dans un nouveau soupir :

- Et bien… Disons que je n’ai pas vraiment eu beaucoup de chance en arrivant ici…

Il lança à nouveau un soupir et reprit :

- Pour m’accueillir j’ai eu droit… à deux hommes… comment dire… « unheimlich ». Ils n’ont pas vraiment été tendres, et j’ai dû fuir. Mauvaise idée sans doute, car l’un deux m’a tiré dans la cheville avant de me traîner jusqu’au secrétariat.

Suite à ses paroles, Nein sentit que quelques larmes commençaient à se manifester et coulaient le long de ses joues. Il s’empêcha d’éclater en sanglot, mais ne put les empêcher de sortir. Il arrêta de parler un moment, reprit sa respiration et continua ses explications :

- Je ne me sentais pas très bien alors… j’ai décidé de me rendre ici, parce que j’adore la forêt… Mais je m’égare… Je m’appelle Nein, et vous ?

En posant cette question, il regarda la jeune femme avec de grands yeux, des yeux agrandis non seulement à cause des larmes qu’il avait versées, mais aussi et toujours par le fait que cette femme l’intriguait au plus haut point.

La louve n'était animée de mauvaises intentions à l'égard du jeune homme qui avait l'air complètement déprimé. C'était souvent le cas, quand cet endroit était encore une école. Il y avait plus de monde quand elle était arrivée ici, les couloirs grouillaient de sons, de voix, d'éclats de rire...et il y avait, ceux comme ce jeune homme blond qui venaient craquer au pied d'un arbre, parce qu'il n'osait pas le faire devant les autres. Ceux qui avaient peur de ne jamais obtenir leur diplôme...
Puis l'école avait laissé tomber, et l'Institut avait vu le jour. Les élèves normaux se faisaient plus rare, et cet endroit devenait un endroit où étaient jeté les rébus de la société qui espéraient remonter du trous dans lequel ils étaient, un endroit où venaient ceux qui voulaient fuir tout le reste, un endroit où était envoyé les monstres...
Il y avait aussi des jeunes gens, qui mettaient les pieds ici sans savoir ce qu'était cet endroit, et qui venait ensuite pleurer dans la forêt, à l'abri des regards, une fois qu'ils avaient compris, que ce n'était pas une simple école où se délaient les différentes races.

Lorsqu'elle avait surgit des buissons, il n'avait pas bougé. Il n'avait pas l'air dans son assiette, mais il ne se sentait pas menacé par la présence d'une louve alpha dans son périmètre de sécurité. C'était un jeune loup un peu insouciant, trouva-t-elle, mais elle n'avait pas envie de lui arracher la gorge, elle, donc elle n'était pas plus que ça, embêtée de sa réaction. Ou plutôt de son absence de réactions. Il était un alpha, Ere'n avait pu le sentir, mais il ne cherchait pas se disputer ce morceau de forêt avec elle. Tant mieux, parce qu'elle n'avait guère envie de se battre. Et elle s'approchait donc pour le renifler. Une vieille odeur de sang avait chatouillé ses narines, mais il y avait bien longtemps qu'elle savait bridé son instinct lupin. Elle avait toujours su le faire...son self contrôle était assez puissant à présent, pour qu'elle résiste même à l'appel de la lune. Ce n'était pas quelque gouttes de sang qui allait lui faire perdre la tête.

Et alors, après cet examen olfactif, elle reprit sa forme humaine. Contrairement à la plupart des lycans qui se transforment, elle n'était pas nue. Entre nous, cela ne l'aura pas vraiment dérangée, les lycan n'avait pas, au niveau de la nudité, le même rapport que les gens normaux. C'était presque normal pour eux de ne pas porter de vêtements. Mais dans le monde des hommes, il fallait faire comme eux. Ere'n ne savait même pas elle-même pourquoi sa transformation n'aspirait pas ses vêtements, elle n'avait jamais essayé de comprendre, pourquoi elle avait un contrôle aussi puissant sur sa bête : elle l'avait c'était tout.

Il sursauta alors qu'elle s'adressait à lui. Cela la fit sourire. Elle observait chacune des expressions qui passaient sur son visage, comme elle l'avait fait quand elle était encore sous sa forme animale. A sa question, il baissa les yeux sur sa cheville. Elle suivit son regard, et son sourire disparu instantanément. Il était blessé. Et elle était bien placée pour savoir combien cet endroit parmi tant d'autre pouvait faire mal. Elle se souvenait les parties de chasse qu'elle devait esquiver pour rester en vie...et ce que lui avait coûté la seule fois où elle était trop fatiguée pour jouer a ce jeu idiot. Il ne subirais jamais cela dans cet institut...mais pauvre enfant.

- Et bien… Disons que je n’ai pas vraiment eu beaucoup de chance en arrivant ici…

Elle pinça les lèvres. La violence n'était vraiment pas son truc. En même elle était cuisinière ici. Mais même en tant que louve alpha, quand elle avait prit la tête de son clan, elle n'avait jamais poussé personne à faire couler le sang. Dernière survivante de son clan aujourd'hui, elle savait plus que tout combien la vie était précieuse. Et elle trouvait parfois la violence gratuite des gardiens envers les élèves qui perdaient le contrôle un peu injuste...mais elle n'avait pas son mot à dire.

Il soupira de nouveau et poursuivit.

- Pour m’accueillir j’ai eu droit… à deux hommes… comment dire… « unheimlich ». Ils n’ont pas vraiment été tendres, et j’ai dû fuir. Mauvaise idée sans doute, car l’un deux m’a tiré dans la cheville avant de me traîner jusqu’au secrétariat.

La louve de nouveau humain qu'elle était reposa son regard doré sur la visage du jeune homme. Puis elle se leva et s'approcha doucement de lui. Ses gestes étaient fluides, pas le moins du monde porteur d'une quelconque envie de lui faire mal. Une nouvelle chose attire son attention. Ses larmes. Il pleurait. Il avait eu peur, qui n'aurait pas eu peur d'y rester à sa place ? A part un idiot sans cervelle ?
Et puis elle lui adressa un petit sourire. La sonorité de ce mot, étranger dans sa phrase en japonais, ne lui avait pas échappé. Elle était suisse, l'Allemagne ne n'était pas loin...Et elle avait passé assez de temps en Bavière, pour le comprendre.

-Tu as fait la connaissance de Dimitri et Keith, si je ne me trompes pas. Pauvre petit...ce n'est en effet pas le meilleur accueil que tu as reçu...

Elle glissa un main sur une joue du jeune blond puis sur l'autre, pour essuyer ses larmes.

-N'aie crainte, tu peux laisser libre à tes émotion ici. Je ne te veux aucun mal, pas plus que je ne me moquerais de toi.

Elle posa de nouveau les yeux sur sa cheville, claque la langue dans un signe de désaccord. Puis se rasseyant, elle alla observer la blessure de plus près. Elle frôla la plaie de ses doigts, en guettant le moindre signe de douleur.

-Tu t'en es bien sorti tout de même. Tu n'aura plus rien d'ici demain, en attendant, tu vas juste devoir supporter un peu la douleur.

Elle le laissa sangloter un instant, résistant à la désagréable envie de le prendre dans ses bras. Elle était beaucoup trop âgée pour agir comme une jeune femme d'une vingtaines d'année. Elle ne pouvait s’empêcher de le voir comme un jeune loup, elle voyait tout le monde comme un jeune loup. Elle était, sans compter Andréas, la personne la plus âgée de cette école. Et cela ne l'aidait pas à rendormir son instinct de mère poule.

- Je ne me sentais pas très bien alors… j’ai décidé de me rendre ici, parce que j’adore la forêt… Mais je m’égare… Je m’appelle Nein, et vous ?

Elle lui adressa un nouveau sourire.

-La forêt est un lieu rassurant pour les loups. Il est normal que tu t'y sente bien.

Elle plongea son regard doré dans le sien, bleu. Il avait des yeux magnifique, emprunt d'une naïveté qui caractérisait les jeunes de son âge. Et pourtant, elle sentait derrière cette naïveté, cette inconsciente une crainte toute récente. Sans doute en lien avec son accueil, mais il y avait autre chose.

-Enchantée Nein. Ich Heiße Ere'n. Et tu peux me tutoyer, les « vous » me semble un peu trop pompeux.

Il la regardait étrangement. Et elle se contenta de sourire. Elle semblait avoir entre vingt-cinq et trente ans, ses longs cheveux noirs, sa peau un peu halée, et ses yeux dorée, la rendait peut-être bizarre. Son ses manches transparentes, on pouvait voir le tatouage qui ornait son épaule, mais il n'était pas vraiment du bon coté.

-Tu viens d'Allemagne ? Qu'est-ce qui t'amène si loin de ton pays ?

C'était une question dépourvu de curiosité malsaine. Il n'était pas obligé d'y répondre, s'il ne voulait pas.

Nein ressentait un sentiment étrange. Il avait pour habitude de ne pas trop réfléchir avant de parler ou d’attenter une quelconque action, et bien souvent il s’était retrouvé à en dire bien plus que ce qu’il devrait sur sa vie à de parfaits inconnus, lui attirant ainsi pas mal de problèmes.
Cependant, en présence de cette et jolie femme, il avait la ferme impression que quoi qu’il lui dise, elle l’écouterait, voire même, le rassurerait. C’est pourquoi, il se confiait si facilement, les mots sortaient de sa bouche d’une façon très naturelle, comme s’il la connaissait depuis toujours.
En fait, il se dégageait de la louve, une sorte d’aura protectrice ou bienveillante, qui mettait le jeune allemand en confiance, avec cette femme qu’il venait tout juste de rencontrer.

Il avait vu la belle dame se rapprochait de lui et prendre connaissance du fait qu’il pleurer. Mais à aucun moment il n’avait vu sur son visage se déformer pour prendre une mimique plus moqueuse ou pire…
Non, la jeune femme, s’était contentée de rester douce et de lancer un petit sourire, sans doute dû au mot à consonance étrangère qui lui avait échappé. Elle lui demanda s’il avait fait la connaissance de dénommés « Keith » et « Dimitri » lors de son arrivée…

- Il me semble bien avoir entendu ses noms là… J’avoue qu’ils n’ont pas été très tendres avec moi., dit-il.

A ses mots, il sentit la main de la jeune louve passer sur ses joues pour en déloger les larmes. Encore une fois, Nein ne sentit pas le moindre danger ou la moindre mauvaise attention se dégager de cette femme et il la laissa faire, se sentait bien plus en sécurité près d’elle. Elle le rassura en lui confirmant ce qu’il pensait déjà, elle était bien là dans le but de le réconforter, pas pour lui faire du mal ou se moquer de lui. Le jeune loup se sentit de plus en plus en confiance, et il sécha ses larmes… En effet, ce n’est pas très digne, pour un homme, de se laisser aller devant une aussi jolie femme.

C’est vrai qu’elle était belle, mais Nein, d’habitude très réactif à ce genre de sujet, ne ressentait pas l’envie de « séduire » cette femme. Elle était réellement impressionnante, non pas uniquement par sa grande beauté, mais par son charisme. Et puis, pas seulement, il se sentait comme s’il était en présence de …. Sa mère. Oui, cette femme dégageait l’aura d’une mère, attentionnée et chaleureuse, aimante avec ses enfants.

- Tu t'en es bien sorti tout de même. Tu n'auras plus rien d'ici demain, en attendant, tu vas juste devoir supporter un peu la douleur.

Ses mots le firent ressortir de ses pensées. En effet, la blessure lui faisait légèrement mal, mais au fond, il sentait bien qu’il avait été chanceux sur ce coup-là. Il devrait faire avec la douleur, même si pour Nein, supporter la douleur était loin d’être son point fort, il aurait pu connaître bien pire et c’est ce qui le rassurait.

Lorsqu’il lui avait dit qu’il se sentait bien dans la forêt, la belle jeune femme lui avait confirmé ses dires, en précisant qu’en effet c’était un lieu apaisant pour les loups. Oui, c’est vrai que pour les loups la forêt se présente comme une maison, un refuge, ils s’y sentent bien et en sécurité, même s’il avait passé toute son enfance dans un village, entouré d’humain, sa nature de loup lui rappelait d’où il venait vraiment.
En y pensant, il avait eu la pertinence de monopoliser l’attention sur lui, s’était présenté et avait assez fait perdre de temps à cette gentille et douce louve. Mais jamais il n’avait eu la politesse de s’intéresser à elle. Ses parents lui avaient toujours appris les bonnes manières, mais le plus gros défaut de Nein était son léger narcissisme.

- Enchantée Nein. Ich Heiße Ere'n. Et tu peux me tutoyer, les « vous » me semble un peu trop pompeux.

Voilà qui l’était fin à son malaise, elle avait pris les devants et s’était présentait d’elle-même. Il resta tout de même encore un peu béat devant la beauté de cette jeune femme. Jeune ? C’est vrai qu’elle paraissait jeune, mais en vérité il ne connaissait pas son âge. Il venait tout juste d’apprendre son nom et instinctivement il l’avait vouvoyée. Sans doute est-ce dû au charisme qui se dégageait d’elle, mais savait-il vraiment si elle n’était pas éloignée de son âge ? Et si en la vouvoyant il l’avait vexée ?
En voyant sa réaction, il ne semblait pas en sortir un malaise à cause du vouvoiement, et elle l’invitait même à être plus familier.

Toutes ses questions avaient donné un sacré mal de tête à Nein et il se contenta de répondre par :

- Ere’n ? C’est vraiment un très joli nom !

Elle poursuivit par une question :

- Tu viens d'Allemagne ? Qu'est-ce qui t'amène si loin de ton pays ?

Encore un effet de surprise. Il est bête… elle venait de prononcer des mots qu’il avait compris. Il n’avait même pas fait le rapprochement. Mais il lança un large sourire et lui dit :

- Oui ! C’est bien ça ! Vous… euh… Tu connais ?

Il était vraiment heureux d’avoir rencontré cette femme. Rencontre qui semblait pour le moins réellement miraculeuse. Il aurait quelqu’un avec qui parler et la présence de cette femme le rassurait vraiment.

- Je… voulais vraiment te remercier pour ton aide. J’espère que je pourrais te rendre la pareille !

Oui, il lui était très reconnaissant, et il avait une dette envers la gentillesse de cette femme qui avait pris du temps pour lui. Il ne voulait plus être un boulet, même si le plus souvent c’était bien indépendamment de sa volonté. Mais être sur le dos des gens et agir de façon irréfléchie avait bien failli lui coûter la vie. Il voulait que ça cesse.

Ere'n avait cette faculté de mettre les gens à l'aise. Et puis, elle était la grande sœur voire la maman par procuration de plusieurs pauvres âmes dans cet institut. Et c'était de la déranger à elle. Elle avait même vu des jeunes gens, l’appeler « maman ». au début celui lui avait fait bizarre, mais maintenant elle n'y faisait même plus attention. Elle était assez âgée pour ne plus faire attention a tout les détails d'une journée. Mais attention, même si elle n'avait plus qu'un œil valide, elle remarquait des tas de choses, ce qui faisait d'elle une personne fascinante et effrayante à la fois. Si on ne savait pas son histoire, on aurait sans doute du mal à imaginer qu'elle avait été réduit en esclavage pendant de longues, très longues années. Elle ne gardait pourtant aucune rancune envers les hommes ni même les êtres humains.

- Il me semble bien avoir entendu ses noms là… J’avoue qu’ils n’ont pas été très tendres avec moi., dit-il.

Ere'n posa son regard sur Nein. Et lui adressa un sourire.

-Ils ne sont tendre avec personne. Ils sont les bêtes noires de beaucoup de gens ici.

Elle avait été tentée de lui dire qu'il ne pourrait pas faire pire rencontre dans cet endroit mais elle ne le fit pas. Keith et Dimitri était des brutes de décoffrage, mais au fond, ils n'étaient pas méchant. Ils faisaient leur boulot, avec un peu trop d'entrain voilà tout. Mais il y avait pire qu'eux dans cet endroit. Et elle ne préférait pas qu'il soit tenter d'aller voir si c'était vrai. Il avait l'air de savoir se mettre dans le pétrin tout seul, sans qu'elle lui donne de bonnes idées. Elle sécha ses larmes avec un sourire. Elle s'en moquait qu'il puisse paraître faible. Elle aussi, elle avait fait pitié à des gens autrefois. La peur, la peine, la colère, l'hésitation...et bien d'autres sentiments peuvent être pitoyable selon la personne qui les éprouve...mais ce sont des sentiments d'êtres vivants. Alors il avait le droit de pleurer, qu'il soit un homme ou non.

Mais il finit par reprendre confiance, et sécha ses larmes tout seul. Elle ne s'éloigna pas pour autant. Au contraire, elle passade la position accroupi à celle assise. Puis elle fit cascader ses longs cheveux noirs sur son épaule gauche sans perdre son sourire. La jeune femme qu'elle semblait être s'était penchée sur sa blessure. Elle ne prit pas la peine de lui faire un bandage de fortune. Il lui suffirait de reprendre sa forme de loup. Il était un sang pur, il y avait dans son aura et son odeur, ce petite quelque chose qui permettait à Ere'n d'affirmer ceci, même s'il semblait encore doté de cette fougue que possède les jeunes loups.

-En reprenant ta forme lupine, la blessure devrait cicatriser plus vite. N'aie crainte, tu oubliera bien vite cette douleur et ce petit incident.

Il rencontrerait sans doute encore bien des problèmes ici. Mais ça, elle ne le dirait pas. Parce que maintenant qu'il était ici, il allait être dur d'en sortir. Eden était un poil possessif avec ses élèves...elle avait un peu de mal a qualifier les gens qui venaient ici comme des cobayes, même si cela s'approchait plus de la réalité de cet institut. Mais elle, elle faisait la cuisine pour des élèves et pas pour des cobayes à engraisser en vue d'une future expérience.

- Ere’n ? C’est vraiment un très joli nom !

Elle se mit à rire en silence, en se cachant derrière sa main. Puis quand elle se reprit, elle lui adressa un sourire rayonnant.

-Je te remercie.

Elle ne s'intéressait pas à l'origine des prénoms, le sien n'en avait pas de particulières. Enfin on ne le lui avait jamais dit donc, pour elle il n'en avait pas. En revanche elle trouvait curieux le prénom du jeune homme...mais elle était trop bien élevée pour lui en demander le pourquoi. Mais à l'oreille, son prénom à lui sonnait bien.

Tiens le voilà qu'il semblait surprit. Pourquoi donc cette surprise ? Est-ce parce qu'elle avait trouvé ses origines juste parce qu'il avait laissé échappé un mot en allemand un peu plus tôt ? Je vous l'avait dit, elle ne fait pas attention aux détails, mais elle les remarque tout de même.

- Oui ! C’est bien ça ! Vous… euh… Tu connais ?

Elle hocha doucement la tête.

-Mon clan était originaire de Suisse. Ton pays et le mien n'était guère éloignés. Et j'ai passé beaucoup de temps en Bavière.

Il s'en fichait de sa vie. Mais c'était des explications simples qui ne trahissaient en rien le pourquoi elle était ici aujourd'hui, ni rien d'autres sur son clan. Cela faisait bien deux ou trois siècles que son clan avait été exterminé, et qu'il n'en restait rien d'autre qu'elle. Sa cousine s'était mêlée aux humains, mais même cette lignée mi-humaine n'avait pas survécu. Elle était la dernière de son clan, aussi rare qu'une pierre précieuse...mais ça personne à part elle ne le savait.

- Je… voulais vraiment te remercier pour ton aide. J’espère que je pourrais te rendre la pareille !

Elle releva la tête, en sortant de ses pensées, pour poser sur lui son regard doré. Même sous sa forme humaine, elle gardait ses yeux de loups. Elle avait passé bien trop de temps sous sa forme animale, pour que ce ne soit pas visible. Elle avait nourrit le désir de devenir une louve à part entière...mais avait changé d'avis avant qu'il ne soit trop tard.
Puis elle secoua la tête.

-Contente toi de récupérer de cette vilaine blessure. Je ne suis que la cuisinière de cet endroit tu sais, je ne suis pas souvent confrontée au danger. Mais c'est gentil a toi de proposer.

Puis sans lui laisser le temps de comprendre ce qu'elle voulait faire, elle posa ses mains sur ses joues, et étira le coin de ses lèvres.

-Le sourire te va mieux que cette mine soucieuse. Garde le, Nein.

A chaque fois qu’il lui posait des questions ou qu’elle lui parlait, Nein ne pouvait s’empêcher de fixer la louve droit dans les yeux. Il faut dire que ses yeux jaunes avaient un certain pouvoir d’attraction. Ils étaient à la fois très beaux et effrayants. Il était même surprit qu’une femme à l’apparence et à l’aura si charismatiques montre autant de compassion et de gentillesse à son égard. Elle lui avait même sécher ses larmes et ne semblait pas le juger malgré l’apparence pitoyable qu’il lui offrait. En tant qu’homme il ne devrait pas se laisser aller pour si peu, après tout, il aurait très bien pu se transformer en loup et se défendre ? Mais il ne l’avait pas fait, il avait un peu trop tendance à « oublier » sa véritable nature…
En vérité, il avait souhaité par-dessus tout vivre en tant qu’humain à part entière et s’il ne voulait pas utiliser sa forme animale c’est parce que c’est à cause de ça que sa famille avait été tuée… à cause de cette nature qu’il avait perdu les gens qu’il aimait plus que tout. Enfin le moment n’était pas au vagabondage mental et la jeune femme lui avait fait une suggestion.

- En reprenant ta forme lupine, la blessure devrait cicatriser plus vite. N'aie crainte, tu oublieras bien vite cette douleur et ce petit incident.

Et crotte… il allait bien devoir se retransformer afin de se débarrasser de cette douleur. Cela ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Mais s’il pouvait marcher sans boiter il pouvait bien faire ça, car c’était avant tout dans son propre intérêt de le faire. Entre temps la belle louve l’avait remercié de son compliment et lui avait donné des indications supplémentaires sur ses origines. Il se sentait réellement à l’aise avec cette femme. Lui qui avait pour habitude de « bouffonner » et fanfaronner devant les jolies dames, là il restait presque muet, et avait envie d’une seule chose se serrer contre elle. Il ne faut pas y voir une quelconque connotation perverse dans ce sentiment, c’est comme s’il se retrouvait en face… de sa mère…
Oui c’était ça, en parlant avec Ere’n, il avait l’impression de retrouver sa propre mère. Un douce aura maternelle s’échappait de cette femme et c’était sans doute à cause de cela qu’il se sentait si bien avec elle.

- Contente-toi de récupérer de cette vilaine blessure. Je ne suis que la cuisinière de cet endroit tu sais, je ne suis pas souvent confrontée au danger. Mais c'est gentil à toi de proposer.

Avant qu’il ne s’exécuta Ere’n avait formé sur le visage du garçon un sourire et lui avait dit qu’il le portait bien. Il garda alors se sourire avant de se transformer. Pour la première fois depuis un bon moment, il avait repris sa forme de loup. Un loup au pelage doré, comme ses cheveux. De taille moyenne, car encore très jeune. Sous cette forme, il lécha sa plaie et sentie un léger picotement, sans doute dû à l’effet désinfectant de sa salive. Il ne tarda pas sous sa forme et reprit directement sa forme humaine. La dernière partie de la phrase de la belle Ere’n l’avait interpellé.

- Tu es la cuisinière !!

Il avait ouvert de grands yeux face à cette réalisation et avant qu’il ne demande, son corps le fit pour lui. Un léger gargouillement, provenant de son estomac se fit entendre et le jeune garçon rougit suite à ce son. Mais il ne se laissa pas abattre et reprit avec un large sourire.

- J’aime pas abuser de la gentillesse des gens, surtout des belles femmes, mais… est-ce qu’il serait possible de manger un petit truc, s’il te plaît ?