A little piece of hell| Ft Hades

Dans le brouhaha presque agréable du bar, Hadès était parfaitement à sa place. Un couple se séparait à sa gauche, à grands coups d’arguments l'un contre l'autre, de faux compromis et de promesses en l'air, une bande d'amis se payaient un fou rire ridiculement à sa droite, tapant du plat de la main sur la table, se penchant en avant et en arrière, les côtes tenues et les larmes aux yeux. Le mélange de toutes ces petites scènes était ce qu'Hadès appréciait le plus chez les autres, les humains, les alters, les méta, mais c'était aussi ce qui l'ennuyait le plus profondément. Ils étaient vivants, passionnés et le coeur battant, ça les rendait si intéressants à briser, à faire sombrer dans le désespoir. L'amour pour la destruction c'est la seule chose qui rendait le monde intéressant aux yeux de Hadès. Il ne voulait pas le faire exploser, ce genre de brutalités était dénué d'intérêt et de finesse, non, il voulait simplement corrompre, assombrir, contaminer les milliards de fourmis qui y vivaient. Parce que c'est ce que tout le monde était à ses yeux, de simples petites fourmis, travaillant jusqu'à la mort pour atteindre un idéal vain, la promesse d'un faux bonheur vendus par des idéaux que personne ne discute. Et les marginaux qui se vantaient de refuser ces idéaux ne s'y accrochaient que plus encore. Il riait doucement lorsqu'on lui présentait des cas de personnes sans morale, sans pitié, sans coeur, ni l'un ni l'autre ne savaient ce que c'était d'être vraiment inhumain. Hadès oui, car vraiment inhumain, il l'était. Autant génétiquement que psychologiquement. Mais son absence de tout ce qui fait l'humanité ne faisait qu’agrandir l'intérêt et le dégoût qu'il portait au reste du monde. Un paradoxe vivant qui aspirait à secouer la fourmilière géante nommée Terre.

Alors, assis au milieu de tant de manifestations de joie, de colère -et beaucoup d'alcool- il était parfaitement à sa place. Lorsqu'il sentit la présence de son rendez vous de la journée, il leva les yeux et aperçu le dit Petit chaperon rouge. Jeune gringalet mal fagoté mais avec un éclat dans le regard qui plaisait au roi noir. C'est par des subordonnés qu'il avait entendu parlé de ce petit bout de métamorphe, capable de vendre un Ipod à un sourd, un petit malin qui s'était imposé dans le quartier avec une certaine violence. Hadès avait toujours du travail pour ce genre de gars. Il le voulait.

 La démarche féline, il se dirigea à la table du Boss, à celle de Giovanni. Car pour tout le monde dans ce quartier, le visage du Roi Noir était celui de Giovanni, et Hadès en avait décidé ainsi. Il était sa « doublure » pour les premiers mois sur son tout nouveau trône. Le bras droit d'Hadès n'avait pas trop eu le choix, et c'était une manière comme une autre d'assurer son travail de garde du corps -bien que Hadès s'en servait plus d'homme à tout faire-. Pourquoi utiliser une doublure ? Tout simplement parce que c'était amusant. Voir le visage surpris et décomposé de ses « clients » lorsqu'ils se rendent compte que leur vrai patron est un jeune homme -ou femme, la question se posait toujours au début- qui donnait plus l'air d'un mannequin de podium que d'un parrain de la mafia. Observer leurs petites réactions pendant qu'ils parlent à Giovanni et que lui même se fait passer pour un simple escort boy, les juger et les renvoyer ou non.

- Une petite souris m'a soufflé que j'étais attendu ici... Mais bon... Un chat se fait toujours attendre ! c'est bien connu ! 

Giovanni serra les dents et un profond mécontentement se lit sur son visage.

- Et ma patience est très limitée, c'est bien connu aussi, répondit-il fermement.

Hadès sourit, tranquillement accoudé à une table derrière eux. Il était parfait dans son rôle.

- On a du boulot pour toi. T'es bon on te prend. T'es en retard, t'es mauvais ou tu fais trop de zèle, on te dégages. Capiche ?

Hadès ne pouvait nier l'aura puissante que dégageait Giovanni, une bonne aura de « Boss ». Mais il attendait beaucoup du Petit Chaperon Rouge, sa réputation le précédait -son dossier aussi mais ce serait dire que Hadès fouille dans les archives de Central, ce qu'il ne fait pas. Bien sûr. N'est-ce pas ? - et il serait franchement déçu d'une entrevue pacifique ou sans panache.